• Dans mon premier article intitulé "Le logiciel d'Israël", j'évoquais les "enfants perdus d'Israël", précisant qu'ils n'étaient d'ailleurs pas toujours perdus de façon définitive.

    Cela n'est pas pour rien, et je vais vous faire une confidence : j'ai été un de ces enfants perdus.

    Elevé dans la religion catholique pour des raisons qui tiennent à mon histoire familiale, jusque l'âge de 15 ans l'on m'a dit que j'avais des origines juives.

    Quand on a un arrière-grand-père du nom de Cahun, une grand-mère qui, avant sont mariage, portait le même nom, qu'à l'époque l'église catholique était plutôt anti-juive – ce qui n'a pas empêché, bénis soient leur mémoire - nombre de curés, de pasteurs protestants, ou de simples êtres humains, de sauver des juifs de la Shoah…

    Ce sont les justes parmi les nations qui agirent ainsi au péril de leur vie.

    Mon père qui, lui, n'était pas juif mais portait un nom juif fut fait prisonnier dans la poche de Dunkerque, et envoyé dans un camp de prisonnier en Allemagne.

    Avec une dizaine de potes, il tenta de se faire la malle, mais tous furent rapidement retrouvés par l'armée allemande.

    Le colonel du camp le convoqua en son bureau, congédia son aide de camp et ferma la porte…

    "- Monsieur, "Rotil", ce n'est pas un nom bien français. Ne seriez-vous pas juif ?"

    Mon père était très mal à l'aise et le colonel dut insister :

    "- Monsieur, si j'ai des doutes, d'autres que moi en auront. Je vous pose cette question dans votre intérêt. Libre à vous de me répondre…"

    Mon père se jette à l'eau : "Oui, Rotil est un nom juif !"

    Et le colonel : "A deux heures du matin exactement, soyez à la porte de votre baraquement. N'emportez que le minimum. Que les choses soient claires : nous ne nous sommes jamais rencontrés. Bonne chance !"

    Deux heures du matin, la porte s'ouvre, quelqu'un fait le signe "chut !".

    Mon père fut exfiltré d'Allemagne et rentra en France grâce à un réseau de résistance antihitlérien.

    Mon regret est que mon père ne m'a pas donné l'identité de ce colonel, mais la connaissait-il ?

    La guerre des six jours, en 1967, fut pour moi un coup de tonnerre. Le déclanchement d'une prise de conscience.

    Je fis mon aliah, et suis aujourd'hui très fier de ma nationalité israélienne.

    Je vis en France, mais fais tout ce que je peux pour retourner là-bas – je ne vais pas vous exposer les détails de mes démarches, cela est sans grand intérêt.

    J'adore la France, mais si je devais choisir, je n'aurais aucune hésitation. D'ailleurs, de ce qui précède, on comprend que j'ai déjà choisi, n'est-ce pas ?

    Ce morceau d'histoire personnelle pourrait sembler bien loin du sujet, le logiciel d'Israël.

    Pas tant que cela !

    Dans la mesure où, en 1969, j'étais encore agnostique. Même, invité lors de Kippour dans un kibboutz religieux, j'ai craqué et me suis grillé une cigarette.

    Le lendemain, aucun reproche de la part de mes hôtes. Aucun même dans leur regard.

    Depuis, la question me hante : que serait Israël sans sa religion ?

    J'ai depuis longtemps appris que la fête juive la plus importante n'est ni Kippour ni Pessah, mais le Shabbat.

    C'est la fête du repos, de l'étude pour certains, mais d'abord une césure avec le temps consacré au travail.

    Et cela, c'est une trouvaille juive…

    Le logiciel d'Israël, selon moi, c'est la croyance libre en une entité à la fois inconnaissable, qui est la seule référence absolue et avec laquelle chacun a ou n'a pas de relation non médiatisée.

     

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    N'oubliez-pas qu'ils sont modérés a-priori, je ne veux pas de salissure ici…


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